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  • Photo du rédacteurCharlotte

La Vierge à l’enfant avec Sainte Anne, Léonard de Vinci

La Vierge à l'enfant avec Sainte Anne fut peinte par Léonard de Vinci à partir de 1503 sur un panneau de bois de peuplier. Ce tableau est peut-être une commande royale de Louis XII (roi de France) auprès de Léonard de Vinci pour la naissance de sa fille Claude qu’il eût avec sa femme Anne de Bretagne. Mais le tableau ne fut pas livré à Louis XII car il est mentionné en 1517 par un observateur dans l’atelier de Léonard, alors pensionné par François Ier à Cloux, près d’Amboise. Quoi qu’il en soit Léonard de Vinci réalisa ce tableau lors de son retour à Florence au moment où Cesare Borgia menaçait la ville de Florence. Les Florentins se recueillirent auprès du tableau de l’artiste pour prier sainte Anne, afin qu’elle protège la ville de Florence (le culte de la sainte connaît un fort développement en Europe à ce moment-là du XVIè siècle et elle est une des saintes protectrices de ville de Florence). Léonard de Vinci quitta l’Italie avec la sainte Anne.

Le coeur du tableau est composé de trois personnages principaux : Marie, Sainte Anne et Jésus jouant avec un agneau. La vierge est assise sur les genoux de sainte Anne. Marie prend son fils dans ses bras. Sainte Anne regarde la scène avec amusement et tendresse. Cette dernière est vêtue comme une Florentine du XVIè mais de manière plus fantaisiste comme le prouve sa coiffe qui est tout à fait originale. Quant à Marie, elle porte une robe rouge et un manteau bleu la recouvrant partiellement. Le bleu et le rouge sont les couleurs caractéristiques de Marie dans la peinture du XVIè siècle. Jésus joue avec agneau. Le groupe de personnages est encadré d’un paysage composé de montagnes et de végétation. Sur la droite, un chemin s’enfonce dans la nature.

En mettant un groupe de personnages comme au bord d’un précipice, l'artiste donne de la distance entre le tableau et le spectateur.

L’expression des personnages est très forte dans ce tableau, on sent l’amour de la mère pour son fils. Cet amour est traduit par son regard et son geste d’encercler Jésus de ses bras. L'enfant regarde sa mère avec tendresse.

Les couleurs douces et harmonieuses du tableau renforcent le sentiment d’amour que dégage l’œuvre.

De plus, cette douceur est accentuée par le sfumato (succession de glacis, des couches fines et transparentes. Cette superposition crée une texture lisse.), « marque de fabrique » de Léonard, enveloppant figures et paysage d’un voile vaporeux, évanescent et poétique. Le bleu des montagnes en arrière-plan semble aérien.

Léonard de Vinci a réalisé son tableau avec beaucoup de grâce et de finesse. Les traits des personnages sont délicats et subtils comme réalisé par le divin.


Vasari, artiste peintre et premier biographe des artistes a écrit vers 1550 « Les vies des plus excellents peintres et sculpteurs, architectes » retraçant la vie d’artistes et leurs œuvres du XIV au XVIè siècle en Italie, a décrit le premier carton (c’est à dire le dessin préparatoire avant le tableau final) représentant La Vierge à l’enfant avec Sainte Anne en ces mots : « Finalement il fit un carton représentant la Vierge, sainte Anne et le Christ ; non seulement ce carton combla d’admiration tous les artistes, mais une fois terminé , il fut exposé pendant deux jours à la curiosité de tous, hommes, femmes, enfants, et vieillards qui y allèrent à l’envi, comme ils font aux fêtes solennelles. Tout ce peuple fut plongé dans l’admiration, car on voyait sur le visage de la Vierge cette simplicité, cette beauté et cette grâce qui caractérisent la Mère du Christ, ainsi que l’humilité et la modestie virginale mêlées de joie à la vue du bel enfant ». Ce témoignage de la part de Vasari témoigne de son admiration pour l’oeuvre de Léonard.


L'amour est le thème central de ce tableau empreint de douceur et d’humanité. Ce climat annonce un message très important : le sacrifice du Christ sur la croix par amour pour l’homme en le sauvant ainsi du péché originel. La crucifixion dans la Bible est un des moments de la passion du Christ.

Comment l’artiste peut-il traduire un tel message dans un tableau représentant sainte Anne, Marie et Jésus ?

Jésus descend des bras de sa mère et joue avec un agneau. Ainsi comme le dit l’historien d’art Daniel Arasse : « La descente de Jésus sur le sol visualise ... la descente sur terre du Dieu incarné, pour y mourir ». L’agneau est symbole de pureté et d’innocence. Dans le Nouveau Testament, l’agneau représente le Christ aussi. Ainsi il est dit dans l’évangile de saint Jean : « Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. ». En faisant jouer Jésus avec l’agneau, Léonard de Vinci annonce clairement l’épisode de la passion et son sacrifice. Dans l’iconographie un dernier élément indiquant le sacrifice du Christ est le précipice au bord duquel il se trouve.

La douceur du tableau renvoie ainsi à l’amour du Christ et à son innocence, tel un agneau. Un amour inconditionnel pour tout un chacun.

Qu’est-ce que l’innocence ? Voici un poème de Pierre Lasalle, auteur et conférencier sur l’innocence tiré de son livre écrit en collaboration avec sa femme, Céline Lasalle « Vers une nouvelle Ethique, un mode d’emploi pour une nouvelle humanité »:

« Pour ton regard toujours prêt à s’émerveiller,

Sache dévoiler du blanc royaume les secrets ;

Et le Bien souverain devenant douceur spontanée,

Sèmera l’Innocence qu’aucun vice ne saurait malmener. »

Le Christ est à l’image de ce poème dans le tableau de Léonard de Vinci.

Pour Léonard de Vinci, la peinture est le roi des arts, au-dessus de la sculpture et la poésie, alors que ce dernier était considéré comme supérieur à la peinture à l'époque. Son amour pour la peinture s’explique par son approche du monde qui est avant tout visuel. En effet pour lui la vue est « le meilleur et le plus noble » de tous les sens. Car comme il l’explique « Perdre la vue c’est être privé de la beauté de l’univers ». Ainsi pouvoir mettre dans une même œuvre toute les « beautés de l’univers » lui apporte beaucoup de plaisir et traduit son amour pour la nature. On peut alors supposer que Léonard de Vinci a fait La sainte Anne comme tableau dans un état de grâce et de contentement, avec son coeur, donnant une douce énergie à l’oeuvre.


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Art'issant de la lumière

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